Grippe aviaire : après l’hécatombe, l’envie d’un nouveau modèle d’élevage se fait sentir [Partie 1/3]

Depuis novembre, une épidémie de grippe aviaire sans précédent a touché la France et plus particulièrement le Grand Sud-Ouest. Si les premiers signes d’une accalmie semblent se présenter, l’heure du bilan et des leçons approche.

C’est une crise sans précédent que traversent les éleveurs de volailles français depuis novembre. L’épizootie de grippe aviaire a été plus virulente que jamais et a fait des ravages.

Depuis le mois de novembre, ce sont plus de 1300 foyers de grippes aviaires qui ont été détectés dans les élevages de volailles français. Débutant dans le Nord puis le Sud-Ouest, l’influenza aviaire s’est vite répandue dans l’Ouest et plus particulièrement dans les Pays de la Loire et en Vendée. Le plus souvent contaminés lors de la migration des oiseaux sauvages, les élevages français ont connu cette fois une propagation particulièrement virulente dans les élevages industriels.

Face à cette menace, des stratégies dites de dépeuplement ont été mises en place pour assainir les élevages. Le résultat est vertigineux, près de 16 millions de volailles sont mortes en quelques mois (entre abattages préventifs ou non et mortalités dues au virus) dont 11 millions dans le grand Ouest. En comparaison, la précédente grippe aviaire avait causé au total l’abattage de 3,5 millions de volailles, essentiellement des canards du Sud-Ouest.

Un dépeuplement décrié

Si les autorités sanitaires observent depuis quelques semaines une amélioration de la situation, cette 4e vague de grippe aviaire en six ans intervient dans une filière déjà affaiblie par les précédents vagues.

Les mesures de dépeuplement ont également était une hécatombe pour les éleveurs. La FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) estime que la filière française de volaille a pu être amputée de 30% de sa production.

Le résultat est aussi terrible dans les esprits de certains éleveurs, ceux-ci partagent des récits glaçants, contraints de « faire le sale boulot » en asphyxiant leurs propres volailles avant de les enterrer. Les images les plus marquantes restent celles de l’association L214,montrant un tractopelle enterrant des cadavres de milliers d’oiseaux en Vendée, dans une fosse géante creusée pour l’occasion. Une mesure décriée, mais nécessaire selon le ministre de l’Agriculture en poste en mars 2022, Julien Denormandie.

Face à la montée des cas de grippe aviaire, le ministère de l’Agriculture avait décidé à la date du 5 novembre d’une autre mesure dénoncée par les éleveurs, celle d’enfermer toutes les volailles afin d’éviter le contact avec les oiseaux migrateurs.

Un arrêté et des mesures qui n’ont pas été du goût de tous les éleveurs, qui comptait bien faire de la résistance tout en faisant entendre leurs voix…

Martin Nolibé

Crédit photo : KARIM MANJRA, Unsplash