Jean Lassalle, derrière le défenseur trublion de la ruralité, une personnalité problématique [Partie 1/2]

En écho à notre épisode « Jean Lassalle, idole de la Vallée des Aldudes »

Que ce soit béret sur la tête en pleine transhumance dans sa vallée d’Aspe ou à l’Assemblée nationale manifestant son soutien à la gronde populaire en arborant un gilet jaune, Jean Lassalle est un élu qui a marqué la culture politique des Français ces dernières années. Par sa casquette de candidat des campagnes, ses frasques médiatiques, mais aussi, par ses controverses.

D’abord maire de son village de Lourdios-Ichère (136 habitants en 2019) pendant 40 ans avant d’entamer sa carrière de député depuis 2002, Jean Lassalle projette l’image d’un élu qui a les pieds sur terre. Et cette terre, c’est celle de son Béarn natal. L’homme politique de 67 ans s’est depuis le début porté comme le défenseur de la cause rurale, des traditions tout en affichant une proximité comme aucun autre avec les habitants des campagnes. On lui attribue bien vite cette capacité de faire porter la voix « des oubliés ». Ceux dont il part à la rencontre pour un tour de France à pied en 2013, dont il tirera les Cahiers de l’espoir.

Avec 3,13% des suffrages, le score de Jean Lassalle reste une des surprises de ce premier tour des présidentielles. Comme nous l’avons relayé dans un article, le candidat a notamment enregistré de très bons scores dans la région Nouvelle-Aquitaine et principalement dans son département des Pyrénées-Atlantiques, où il devait en toute logique, briguer un cinquième mandat de député.

Un retrait de la vie politique

Alors qu’on l’aurait pensé concentré sur sa future campagne législative, Jean Lassalle a continué à occuper l’espace médiatique de l’après-présidentielle d’une toute autre manière.

Au jour du second tour le 24 avril, Jean Lassalle avait mis en scène son abstention dans le bureau de vote de sa commune de Lourdios-Ichère, vidéo à l’appui. L’énième coup de com’ du candidat Lassalle est assumé, mais pas du goût de la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale (CNCCEP) qui saisi le Conseil constitutionnel pour « incident majeur ». Verdict : les 90 suffrages exprimés dans cette commune pour le second tour sont annulés et des poursuites pourraient être engagées contre le candidat.

Le 3 mai dernier, Jean Lassalle publie alors un long message personnel sur ses réseaux sociaux. On y voit l’élu entouré de ses enfants. Le ton y est solennel, l’élu de la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantique depuis 20 ans a annoncé la veille qu’il ne briguera pas un cinquième mandat de député. Dans son communiqué, Jean Lassalle dit n’être plus « la bonne personne pour assurer cette charge si engageante, mais tellement passionnante ». L’élu du mouvement « Résistons! » rencontre également des problèmes de santé et doit subir une opération à cœur ouvert. Il propose de se faire remplacer par son frère Julien Lassalle. Celui-ci a officialisé sa candidature une semaine plus tard, lundi 9 mai, avec l’objectif de succéder à son frère et de suivre la même voie en matière de politique.

Sous la publication, on peut y lire de nombreux messages d’encouragements et de soutiens à l’élu qui témoigne de sa bonne réputation. Car s’il n’a pas remporté l’élection présidentielle, un sondage on ne peut plus sérieux de l’Ifop en mars 2022 le plaçait à la première place des « personnalités avec qui les Français souhaiteraient boire une bière » avec près de 39% des voix. On notera tout de même un écart important entre les hommes 53% et les femmes 26%.

Car derrière sa bonhomie, son côté trublion et ses coups d’éclat qui peuvent faire sourire, Jean Lassalle compte à son actif des frasques plus répréhensibles et des controverses…

Martin Nolibé

Crédit photo : Antoine Lamielle CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons