EN ECHO A NOTRE EPISODE DU JEUDI 17 JUIN : « L’Occitan s’offre une deuxième vie »
L’Association Art’Oc est une des rares associations de création artistique audiovisuelle qui promeut la langue et la culture occitane. Entretien avec Julien Cabarry, un des membres fondateurs.
Podcastine : Pourquoi avoir créé l’association Art’Oc ?
Julien Cabarry : Notre association a pour but de promouvoir la culture occitane. Bien sûr, nous n’en sommes pas à la renaissance de la culture d’oc connue dans les années 1960 mais nos productions tendent à la transmission des histoires et de la culture régionale. Il faut dire que nous sommes encore tout jeunes ! Ce n’est qu’en 2015 que l’association a été créée. A l’origine, nous sommes un noyau dur composé de cinq ou six personnes autour desquelles gravitent d’autres amateurs de cinéma, scénaristes, réalisateurs, acteurs. Au départ, Art’Oc est née pour les besoins d’un film : Shens papèrs de Philippe Espinasse. En 2016, le court-métrage est primé à Los Angeles aux Audience Award et obtient un second prix dans un festival en Roumanie. En dehors des festivals, il a trente diffusions à son compteur, pour des associations ou des villages. Le résultat a été très encourageant !
Que raconte le film Shens papèrs ?
Le film se consacre à une réalité de vie spécifique : celle du quotidien d’une famille de sans papiers. On les voit cacher leurs papiers et leurs effets personnels dans des grands sacs de supermarchés. Le court-métrage est musical : la musique kabyle et la musique occitane s’entremêlent au cours des scènes. La réunion, dans ce film, de ces deux langues dites minoritaires, permet de mettre en perspective l’ethno-cide des deux identités culturelles. Pour celles et ceux qui l’ignorent, l’Occitan a perdu un million de locutrices et de locuteurs en un siècle. Avec ce film, exporté à l’international, peut-être a-t-on attisé l’intérêt pour la langue occitane et pour la langue kabyle.
Depuis la diffusion de Shens papèrs, quels sont les projets audiovisuels en cours ?
Nous travaillons en ce moment sur une série consacrée à un personnage historique de Bigorre : Pelot. Le projet a commencé il y a deux ans quand nous avons tourné un premier pilote. Dans cette série, dont la première saison comportera treize épisodes de trois minutes et trente secondes, nous apporterons une touche plus romancée et plus humoristique que la véritable histoire de Pelot, qui est bien plus brutale. Pelot, de son vrai nom Jean Lamon, grandit sous le premier empire napoléonien. A cette époque, beaucoup de jeunes insoumis ne souhaitent pas partir à l’armée. C’est le temps où, pour former des rangs de soldats, les hommes étaient choisis au tir au sort dans chaque commune. Pelot, lui, baigne rapidement dans les prédispositions au vol de ses parents. Un exemple : il se fait attraper à Bordeaux pour avoir volé deux juments. Au centre de la famille nombreuse, sa mère est connue pour avoir la réputation incontestable d’être le cerveau de la bande. Cette histoire a été transmise jusqu’à aujourd’hui par voie orale et c’est en partie pour cette raison que nous souhaitons la raconter. La langue a conservé le parcours de vie d’un homme de Bigorre. Pour l’heure, avec la pandémie le projet a été suspendu, nous sommes donc en train de chercher les financements pour le produire.
Crédit photo : Association Art’Oc
Lisa Fégné