Depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, la Ligue des droits de l’Homme a déployé un observatoire pour surveiller les pratiques policières à Bordeaux. Leur rôle : documenter le maintien de l’ordre lors des manifestations. Podcastine a accompagné trois bénévoles du collectif lors du dernier mouvement de grève. Épisode 2.
« Ça te dit qu’on regarde un peu les RIO ? », lance Gaëlle à Éric, en voyant deux groupes de CRS au loin, au croisement d’une rue. Depuis 2014, la loi exige que les policiers et les gendarmes portent leur numéro d’identification individuel (RIO) de manière visible sur eux. Malheureusement, ces numéros peuvent parfois être cachés par l’équipement ou même absents. Cela signifie qu’en cas de faute avérée d’un agent de l’ordre qui ne portait pas son RIO, il n’y a aucune possibilité de poursuites. C’est une impunité que la Ligue des droits de l’homme dénonce. Ici, seuls 5 RIO sur 9 sont effectivement visibles. En ce qui concerne les manifestants, Éric souligne qu’ils ne constituent qu’un élément du contexte. « On n’est pas là pour les observer. On tente seulement d’évaluer l’intensité de la réponse par rapport à la menace qu’ils représentent pour pouvoir parler d’usage disproportionné de la force. »
Gaëlle profite du calme à la place Pey-Berland pour déposer quelques tracts au point fixe des militants de Révolution Permanente, qui informent les manifestants de leurs droits en garde à vue, lors de fouilles policières et en manifestation. « Les gens viennent même nous les demander ! », se réjouit-elle. Une autre règle de base, rappelle Éric, « c’est que si un seul des observateurs se sent en insécurité, c’est tout le groupe qui se retire ». Ce ne sera pas le cas cette fois-ci. Après le départ du cortège syndical, un groupe de manifestants et les forces de l’ordre se sont lancés dans un jeu du chat et de la souris qui a duré plusieurs dizaines de minutes. Mais pour Jérôme, le défilé s’est déroulé « sans incident majeur » et le bilan est « globalement positif ». L’Observatoire girondin des libertés publiques publiera un rapport d’ici quelques jours.
2014
La loi de 2014 stipule que les policiers et gendarmes doivent porter leur RIO (référentiel des identités et de l’organisation) de manière visible sur eux.
6
Les lanceurs PennArms, soit des « lance-grenades multi-coups », libèrent 3 palets de lacrymogène soit 18 palets en 6 coups. C’est un équipement des compagnies républicaines de sécurité (CRS).
30 000
Après les propos de Gérald Darmanin, la Ligue des droits de l’Homme a reçu 30 000 euros de dons en 24 heures.
Agathe Hernier
Crédits photos : Pixabay
En écho à notre épisode : « Au cœur des manifs, la liberté surveillée – Épisode 2 »