Le Précis – Les librairies féministes en plein essor

Nourries par l’après #MeToo et favorisées paradoxalement par la crise sanitaire, les librairies féministes éclosent peu à peu dans les grandes villes françaises. Les entrepreneuses et militantes dépassent avec abnégation les obstacles qui se dressent sur leur chemin.

Portées par des femmes, les librairies féministes connaissent un essor récent. C’est en tout cas ce que décrit la journaliste Aurélia Blanc dans son article « Librairies, les féministes tiennent la boutique », publié dans le numéro de janvier du magazine Causette. Notre reporter, Miren Garaicoechea, l’a interrogée sur le sujet. Une librairie est dite « féministe » lorsqu’elle est entièrement dédiée à cette thématique, et pas seulement au détour d’un rayon. « Cet essor est un fait nouveau » pour la journaliste. Deux facteurs seraient à l’œuvre pour justifier ce nouvel essor : « la conséquence du mouvement #MeToo en 2017, qui a eu une tendance significative dans l’édition ainsi que la crise sanitaire, qui fut l’occasion de se reconvertir. »

Parmi ces nouvelles librairies, « L’Inclusive » à Bordeaux, en chantier depuis le Covid-19. Aurélia Blanc raconte la genèse de ce projet, porté par Ingrid Léonard. « Il est né durant la crise sanitaire là aussi. Militante féministe engagée, Ingrid travaillait depuis 15 ans dans une entreprise de BTP. Elle eut une remise en question professionnelle et a décidé d’ouvrir sa librairie. » Mais avant d’accueillir les premiers lecteurs et lectrices, il faut franchir des obstacles économiques, logistiques et même familiaux. À Bordeaux comme dans d’autres villes, s’implanter n’est pas aisé. À Toulouse, les femmes derrière la librairie « Au Bonheur des Dames », par exemple, ne se versent pas de salaire, deux ans après sa création. « Plusieurs créatrices ont intégré ces difficultés à leur business plan », relativise toutefois Aurélie Blanc.