Il y a 80 ans, l’Espagne tombe aux mains du général Franco, entraînant un exode massif de réfugiés vers la France. Parmi eux, plusieurs milliers ont trouvé refuge en Aquitaine, où ils ont reconstruit leur vie. Dans cette série d’épisodes, Podcastine se penche sur l’accueil réservé aux Républicains espagnols dans le sud-ouest. Loin d’être une histoire du passé, ces récits montrent les traces qu’ils ont laissées et les combats que certains ont continués, parfois au sein de la Résistance. Épisode 3.
L’ancien siège de la compagnie générale transatlantique rappelle l’importance historique de Bordeaux dans le domaine de la navigation. Fondée en 1855 par les frères Perrère, cette prestigieuse compagnie assurait « le transport de passagers, de courriers et de marchandises ». David Escobar, un passionné d’histoire et professeur d’espagnol au lycée Camille Julien, a emmené Maria Valderrama à travers la ville portuaire pour découvrir les témoignages laissés par cette période. Malgré la politique officielle de non-intervention de la France, certains ministres et personnalités, parmi lesquels Jean Moulin, ont clandestinement soutenu la République espagnole. Bernard Lavallé, historien intervenu dans le premier épisode, souligne l’importance de Bordeaux en tant que point de départ d’une nouvelle voie d’approvisionnement en armes soviétiques pour l’Espagne républicaine, échappant aux attaques des sous-marins italiens. « Et cela a duré pendant des années, jusqu’à la fin de la République. »
Bordeaux n’était pas seulement un lieu d’accueil pour les républicains espagnols fuyant la violence du régime franquiste, mais également « un port de départ vers l’Amérique latine », où de nombreux exilés cherchaient refuge. Dès le début du conflit en juin 1936, les femmes et les enfants étaient évacués en priorité. Les traces de cette période persistent en Gironde. Sur la plage de Lacanau, les épaves de la Cantabria témoignent du « naufrage d’un bateau transportant 480 réfugiés ». Grâce à la solidarité des habitants de Lacanau et de quelques touristes présents ce jour-là, « aucune victime n’est à déplorer ». Jesús Alonso Carvalles, professeur de civilisation de l’Espagne contemporaine, raconte l’évacuation des enfants espagnols par bateau. Entre mars et octobre 1937, « des dizaines de milliers d’enfants furent ainsi envoyés en France », notamment à Bordeaux et La Rochelle. Cette évacuation, qui devait être temporaire à l’origine, s’est souvent prolongée pendant des mois, voire des années.
Agathe Hernier
Crédits photos : Atelier Bleu Corail
En écho à notre épisode : « Aquitaine, soupirs d’une Espagne républicaine – Bordeaux, port de la Lune, porte de l’espoir »