Le Précis – L’exil républicain en Aquitaine, un chapitre méconnu de l’Histoire 7/8

Il y a 80 ans, l’Espagne tombe aux mains du général Franco, entraînant un exode massif de réfugiés vers la France. Parmi eux, plusieurs milliers ont trouvé refuge en Aquitaine, où ils ont reconstruit leur vie. Dans cette série d’épisodes, Podcastine se penche sur l’accueil réservé aux Républicains espagnols dans le sud-ouest. Loin d’être une histoire du passé, ces récits montrent les traces qu’ils ont laissées et les combats que certains ont continués, parfois au sein de la Résistance. Épisode 7. 

 

Niché au cœur de Bordeaux, le cours de l’Yser a toujours été un lieu d’accueil des différentes vagues d’immigration à Bordeaux. Depuis le début du 20e siècle, on l’appelait même la route d’Espagne. Maria Santos-Sainz, journaliste et responsable pédagogique à l’IJBA (Institut de Journalisme de Bordeaux-Aquitaine), décrit au micro de Maria Valderrama ce quartier espagnol. Cette « petite Espagne près de la gare » a été le refuge des exilés espagnols pendant la guerre civile. « C’était un quartier où il y avait des logements pas chers, parce que souvent ils étaient dans un état de précarité importante, donc c’était des loyers modestes et adaptés pour des personnes qui n’avaient pas les moyens. » Le Solar espagnol, une « vraie institution dans la ville » a joué un rôle crucial pour la communauté en offrant une aide précieuse pour trouver du travail. Mais ce lieu ne se résumait pas qu’à ça. « C’était un lieu de rencontre pour tous les Espagnols. »

 

Maria Santos-Sainz se souvient de sa première visite à Bordeaux en 1989, lorsque des boutiques et des bars espagnols animaient encore le quartier. Elle découvre un lieu vivant, bien loin des stéréotypes qui lui avaient été transmis. « Pour l’anecdote, quand je suis allée faire un reportage là-bas, on m’a dit : « Attention où vous allez !  » On disait que vous pouviez vous faire poignarder, que c’était très dangereux. J’ai eu l’impression d’aller dans le Bronx. » Au contraire, Maria Santos-Sainz s’est retrouvée plongée dans un quartier vibrant, où des personnes avaient abandonné leur passé pour bâtir un avenir meilleur. « Il y avait encore le résidu de ce qui avait été dans ce quartier, un territoire où tout le monde parlait espagnol, avec les fêtes, les danses… c’était comme une sorte d’île. »


Agathe Hernier

Crédits photos : Atelier Bleu Corail