Le 14 novembre 1983, un jeune Algérien du nom d’Habib Grimzi est jeté d’un train en marche, sur la ligne Bordeaux-Vintimille. En pleine Marche pour l’égalité et contre le racisme, ce meurtre a joué un rôle capital dans l’histoire des luttes antiracistes en France, qu’il ne faut pas oublier.
Toujours selon Abdoui Chaoui, il y eut un avant et un après Habib Grimzi pour la portée de La Marche contre le racisme de 1983. « C’était un symptôme de quelque chose dont la société a pris conscience. Ça a été un des éléments majeurs pour que cette marche puisse avoir les 100 000 personnes qui sont arrivées à Paris. » Et pourtant, regrette-t-il, le nom de la victime a presque été oubliée aujourd’hui. « Il n’est pas du tout dans la mémoire collective, ni repris ni commémoré. » Si l’historien et politiste Emmanuel Blanchard rappelle l’importance du film « Train d’enfer », qui a pu siphonner la substance mémorielle de la véritable affaire de meurtre, Ludivine Blantigny pointe le rôle des médias. « Malheureusement, un certain nombre d’événements comme celui-ci sombrent dans l’oubli parce qu’ils apparaissent de plus en plus aux yeux de médias, qui se sont beaucoup métamorphosés. Et c’est la raison pour laquelle votre podcast est d’autant plus important. Il ne faut pas seulement commémorer ces événements parce que la commémoration, c’est une manière d’enterrer une seconde fois. Il s’agit d’en faire des enjeux véritablement politiques. C’est tout à fait essentiel, justement, à l’heure où des politiques de plus en plus racistes sont ouvertement mises en place. »
Publié le 24 janvier 2024