Nous vous proposons de plonger dans l’envers du décor de l’Opéra de Bordeaux la veille d’une soirée pas comme les autres : celle du 31 décembre. Les artistes, les centaines de petites mains s’agitent pour que l’événement soit parfait. Dans ce théâtre magnifique, le stress se mêle à l’enthousiasme.

Plus nombreux et organisés que de simples « petits rats de l’Opéra », les danseurs, artistes et travailleurs de l’Opéra de Bordeaux forment une fourmilière. Dans l’envers du décor, le 31 décembre dernier, ils se sont agités. Et pour cause, ce soir-là, c’était la dernière de Cendrillon, l’ultime représentation du traditionnel ballet de Noël. Dans les couloirs, derrière la scène, tout le monde passait des loges au maquillage à l’arrière scène, se souhaitait discrètement une bonne année… Cette nuit-là, à laquelle a pu assister Clara Echarri, était spéciale, l’ambiance aussi. « C’est une soirée magique. La dernière est toujours une libération. Mais il y a aussi une nostalgie qui s’installe alors qu’on n’a pas posé le premier pas sur la scène », commente Emmanuel Hondré, directeur de l’Opéra. « C’est le spectacle qui est censé être le plus féérique », ajoute Vanessa Feuillatte, première danseuse. 

Si les représentations sont des courses, alors la série de Noël est vécue comme un vrai marathon par les artistes. Marc Emmanuel Zanoli par exemple, dit Marco, avait assuré tous les spectacles sauf un depuis le 10 décembre. « Je suis soulagé. J’en suis à ma 19e saison de série de Noël. Et même si je vibre toujours autant, le corps fatigue. Cela a été comme une montagne à franchir. » Maladies, blessures, remplacements de dernière minute… Autant de difficultés que le public ne voit pas, pas même le vertige de Vanessa. « Sur scène, il y a de la fumée, les lumières, on est en hauteur… Cela me donne toujours un peu le mal de mer », confie-t-elle. Le rythme est aussi intense dans les coulisses que sur scène, pour tout le personnel. « On a accompagné les danseurs du mieux qu’on a pu. Ce soir, on leur fait plaisir quand même avec des petits arrangements et des paillettes », plaisante Annie Lay-Bardon, la maquilleuse du show. Malgré tous ces efforts – et sacrifices – aucun membre de l’Opéra de Bordeaux ne voudrait se plaindre, après deux ans de pandémie. « On est heureux de faire ces séries de Noël. Après cette période où on était éloignés de la scène… On a une carrière tellement courte, nous les danseurs, chaque jour passé loin du plateau est catastrophique car on ne s’épanouit que sur scène », assure fièrement Marco. Après le triomphe, les fourmis de l’Opéra profitent d’une vingtaine de jours de repos bien mérités, avant que le rideau ne se lève sur 2023.

400

L’Opéra de Bordeaux compte 400 salariés, dont 70 techniciens.

248

248 levers de rideau y ont été effectués en 2021-2022.

230 000

230 000 spectateurs et visiteurs s’y sont rendus sur la même période.

Alexandre Camino

Crédit photo : Magali Maricot

En écho à notre épisode : « Dans les coulisses du Nouvel An à l’Opéra »