Au cœur de l’actualité pour avoir été le lieu de plusieurs épisodes de violences urbaines, le quartier bordelais des Aubiers est certes sensible mais se distingue aussi par une politique culturelle et sportive de qualité. Il s’appuie sur des projets ambitieux et prometteurs.
Après le décès d’un jeune Bordelais de 16 ans au cours d’une fusillade ayant éclaté dans le secteur des Aubiers, une permanence de la ville était inaugurée par le maire Pierre Hurmic, ce que Podcastine a évoqué dans son épisode du 11 mars. Une urgence pour un quartier souvent présenté comme sensible, mais qui ne saurait se réduire à ce seul qualificatif. Car malgré une réputation peu flatteuse, les Aubiers sont un lieu de développement du sport et de la culture bien à part. Souhaité et entretenu, d’abord, par les services publics locaux. Symbolisant une volonté de favoriser la culture dans ce quartier, l’implantation d’une école de cirque devrait voir le jour en 2024 et « permettre aux élèves d’avoir facilement accès aux arts du cirque, que ce soit sur le temps scolaire ou périscolaire », comme l’explique son directeur Claude Saint-Dizier.
Plus généralement, dans le cadre du projet de rénovation du quartier lancé en 2017, est notamment prévue la création de nouveaux espaces de sport, avec le projet d’une « plaine sportive », comme l’explique la Métropole de Bordeaux.
Des associations actives
L’action des services publics n’est pas isolée. Ce rayonnement du quartier par le sport et la culture est principalement dû aux initiatives associatives, aussi nombreuses qu’efficaces. Comme celle fondée par le célèbre tennisman Yannick Noah, « Fête le Mur », qui souhaite depuis sa création en 1996 démocratiser le tennis dans le quartier. Un rêve qui devient réalité aux Aubiers, où la construction d’infrastructures a été proposée à la mairie par l’antenne bordelaise de l’association. Depuis la venue aux Aubiers du dernier vainqueur français de Roland-Garros en 2019, des courts de fortune sont improvisés et utilisés par les jeunes tennismen en herbe. En attendant, peut-être, la construction d’un véritable court qui pourrait concrétiser cet engouement initié par « Fête le mur ».
Cet enthousiasme est partagé par l’association « Apis », qui concilie réussite scolaire et sportive dans un même projet. Celui de réconcilier les jeunes avec l’école en développant les valeurs du sport, comme l’explique Cédric, superviseur des équipes de foot de l’association : « Si la semaine a été mauvaise à l’école, tu ne joues pas le samedi ». Une ambition commune à celle de l’association Sport-Emploi, fondée en 2005 par un ancien joueur de rugby international et qui a pour objectif l’insertion professionnelle par le sport, notamment le rugby. Leur cible : « toute personne en recherche d’emploi, de formation, d’orientation ou de construction de projet professionnel ».
Outre le sport, c’est la culture qui est également mise en avant par l’association Urban Vibrations School, qui se présente comme « l’école des vibrations urbaines dédiée aux arts, à la culture et à la diversité ». Ce projet initié par Eddy Durteste, ancien bagnard qui a découvert les Aubiers il y a vingt ans, s’est spécialisé dans la musique urbaine et les concerts, contribuant à faire de ce quartier un lieu festif et multiculturel. Aujourd’hui étendue à la médiation culturelle, l’association continue de contribuer au dynamisme du quartier.
Le rap de CLZ
En dehors de tout cadre, le sport et la culture continuent de faire leur chemin dans le quartier des Aubiers à travers des initiatives de ses habitants. Comme en témoigne le parcours réussi du jeune rappeur CLZ (comprenez « C’est La Zone »). Cet adolescent façonné par le quartier des Aubiers s’investit dans le rap « pour s’écarter des choses pas bien de la vie ». Se distinguant par une certaine maturité dans ses textes ou dans ses propos, il offre un rayonnement culturel inattendu pour ce secteur de 4000 habitants. En décembre 2020, c’est par le biais du reportage, diffusé sur YouTube, d’un journaliste du rap bien connu, Gab Morrison, que CLZ et son quartier ont été mis à l’honneur. Une visite en vidéo de plus d’un quart d’heure du quartier des Aubiers, avec un CLZ dans la peau du guide touristique. Une mise en lumière réussie des Aubiers et de son rappeur fétiche. Mais aussi une initiative parmi tant d’autres qui traduisent la richesse culturelle et sportive des Aubiers, contribuant aujourd’hui à faire sa force, malgré des violences qui persistent.