Chaque vendredi jusqu’à l’élection présidentielle, Podcastine donne la parole à une association de Nouvelle-Aquitaine pour qu’elle présente ses actions ainsi que ses attentes vis-à-vis du prochain mandat. Tristan Poupard est président de l’association bordelaise Le Girofard depuis trois ans.
Podcastine : Pouvez-vous présenter l’association ?
Tristan Poupard : C’est un espace d’accueil, d’écoute et d’accompagnement pour les personnes LGBTI+, leurs proches et les alliés. Quels que soient les besoins de ces personnes, avec la trentaine de bénévoles nous essayons d’y répondre. Nous avons aussi une grosse mission de lutte contre les discriminations, qui passe par l’organisation de la Pride chaque année mais aussi par un travail avec les politiques. La mairie de Bordeaux a notamment mis en place un plan d’action contre les violentes LGBTphobes en 2018, et dans ce cadre nous avons organisé des cours de self-défense.
Nous organisons aussi de nombreuses activités pour créer du lien. Avec la pandémie tout a été un peu ralenti, mais nous relançons actuellement les animations.
Enfin, nous travaillons avec les autres associations de la région, notamment Les Bascos au Pays Basque, l’association ADN à Périgueux, ADHEOS à Saintes et La Rochelle, le centre LGBT de Poitiers…
Assurez-vous aussi des missions d’hébergement pour les jeunes LGBTI+ qui ont été rejetés par leur famille ?
Non, c’est le seul domaine sur lequel nous n’intervenons pas. Si la personne a moins de 18 ans, nous l’orientons plutôt vers nos partenaires politiques car pour des raisons légales, on ne peut pas accueillir comme ça un(e) mineur(e) chez soi. Si la personne a entre 18 et 25 ans, on l’oriente vers l’association Le Refuge, et si elle est plus âgée, on l’oriente vers d’autres associations selon ses ressources financières, selon si elle a des papiers…
L’hébergement, c’est une mission particulière car c’est aussi accompagner ces personnes vers l’autonomie. Souvent, elles n’ont jamais vécu seules auparavant. Et si ça se passe mal, et si ça ne va pas pendant la nuit, qui se déplace ? C’est pour cela que nous travaillons avec d’autres partenaires plus spécialisés.
Qu’attendez-vous du prochain mandat ?
Premièrement, un meilleur accès à la santé pour les personnes trans, non binaires et intersexes. Il y a très peu de services qui leur sont consacrés et les délais d’attente sont donc impressionnants. Et de nombreux psychiatres n’ont plus la place de prendre de nouveaux patients… Nous, on est un espace d’accueil mais sur le volet médical nous ne sommes pas compétents donc il faut une meilleure prise en charge médicale.
Ensuite, sur le volet de l’accueil, nous voulons un respect des pronoms (ndlr : le pronom «iel » est utilisé par certaines personnes non binaires), ainsi qu’un meilleur accueil des LGBTI+ qui ont fui leur pays. On comprend bien qu’il faut une politique d’intégration, que les papiers ne peuvent pas être obtenus du jour au lendemain, mais actuellement on leur demande de prouver leur homosexualité, alors que souvent ils n’ont jamais osé le dire ouvertement. On demande une procédure simplifiée et bienveillante.
Propos recueillis par Mathilde Loeuille
Crédit photo : association Girofard