Grippe aviaire : après l’hécatombe, l’envie d’un nouveau modèle d’élevage se fait sentir [Partie 3/3]

Après de longs mois de claustration, la menace semble se lever sur les élevages français. Alors que les éleveurs souhaitent qu’on en tire des leçons de cette crise, d’autres pistes comme le vaccin font aussi leur apparition.

Le 10 mai 2022, le ministère de l’Agriculture publie un communiqué sur l’évolution de l’épizootie. Celui-ci permet aussi quelques assouplissements dans certains départements, mais pas tous. Le repeuplement est également envisagé dans certains départements pour le 1er juin.

Une dizaine de jours plus tard et comme d’autres avant eux, des éleveurs de la Coordination Rurale du Lot-et-Garonne manifestaient devant la préfecture d’Agen. La cinquantaine d’exploitants présents comptaient bien dénoncer la gestion de la crise, mais aussi demander des aides financières et la levée des zones réglementées supplémentaires, comme l’a relaté le journal Sud Ouest. Gain de cause à la fin de journée pour les éleveurs, mais la colère reste intacte alors que la période de travail pour les fêtes de fin d’année approche et des mesures doivent être prises.

La solution du vaccin ?

Le ministère de l’Agriculture a également lancé depuis le début du mois de mai une étude vaccinale, notamment sur les palmipèdes, celui pour les poules existant déjà depuis plusieurs années. Deux vaccins, l’un produit par Ceva Santé Animale, basé à Libourne en Gironde, et l’autre par le laboratoire allemand Boehringer sont testés actuellement dans les Landes et le Gers. Après une analyse des résultats par les autorités vétérinaires, le ministère de l’Agriculture planche pour une disponibilité du vaccin pour l’automne 2023. Mardi 24 mai, l’Union européenne a elle aussi annoncé vouloir développer la vaccination des volailles.

Pour l’éleveuse Hélène Bailly et les autres éleveurs du collectif Sauve qui Poule Poitou, la question du vaccin n’a pas rencontré de problème : « Si ça peut les rassurer, on n’y voit pas trop d’inconvénients », nous assure-t-elle. Mais pour l’éleveuse si ce vaccin « en espérant qu’il fonctionne » peut être une solution à court terme, il ne faut pas s’arrêter là et aller dans le sens d’une bonne évolution de l’agriculture, du bien-être animal et de la sécurité alimentaire : « Il faut aussi remettre en question le sens de tout ça. J’ai peur qu’on mette un pansement, le vaccin et puis bah que la grosse blessure soit quand même là. Et qu’il y aura d’autres virus. C’est un gros voyant rouge qui s’est allumé le virus de la grippe aviaire. Qui dit on est allé trop loin, qu’il faut changer quelque chose. Et j’ai peur qu’avec le vaccin on n’écoute pas trop ».

Martin Nolibé

Crédit photo : William Moreland, Unsplash